dimanche 31 décembre 2006

Montaigne, Claudel, l'amitié et moi

On doit à Montaigne une très belle définition de l'amitié : Parce que c'était lui, parce que c'était moi. En une phrase il dit tout. Voilà l'amitié : une rencontre entre deux êtres, une alchimie inexplicable. On pourrait associer cette phrase à l'amour aussi, bien sûr, mais elle m'est d'autant plus chère concernant l'amitié qu'elle me parle. Si je devais expliquer mon amitié avec Caro j'utiliserais ces termes. Parce que c'est elle, parce que c'est moi...ça tient à trois fois rien.

L'autre jour elle me raconte un rêve étrange : elle avait un nourrisson – elle qui ne veut pas d'enfants – mais sa vie ne changeait pas. L'enfant était là mais il ne pleurait jamais, ne mangeait pas, et bien sûr elle ne s'en occupait pas. Le temps passe ainsi jusqu'à ce qu'un jour, prise de conscience et de panique, elle courre acheter des couches et des biberons. Fin du rêve.
Je rit bien et (j'en viens à Philippe Claudel) je raconte le truc à ma mère qui fouille dans sa bibliothèque et me tend La petite fille de monsieur Linh (de... vous aurez deviné) me chargeant de le transmettre à Caro. Intriguée par l'affaire, je détourne le bouquin.

Un vieil asiatique arrive dans un port d'europe, sa petite fille sous le bras. Après avoir vu son fils et sa belle-fille mourir sous une énième bombe, il a décidé de fuir son pays. Pour la petite, Sang Diû, pour lui offrir une vie meilleure et parce qu'elle est tout ce qu'il lui reste.
Dès son arrivée cette ville lui fait peur, elle est immense et tout y est si différent de sa terre natale qu'il s'y sent perdu. Ses seuls repères sont le centre de réfugiés où il est placé et Sang Diû, c'est pour elle qu'il tient bon. Elle qui est de si bonne nature, qui ne pleure jamais, comme si elle comprenait la difficulté de la situation. Voilà donc ce qui m'a menée à ce livre, l'histoire d'un enfant qui ne pleure jamais.
A travers le rapport du vieux et de cette petite fille c'est une très belle histoire humaine qui nous est racontée. Mais ce n'est pas tout. Le vieux finit par trouver un nouveau repère dans cette ville. Il rencontre sur un banc un européen, ils ne parlent pas la même langue et pourtant un lien se crée entre ces deux hommes que tout oppose. Chaque jour ils se retrouvent, chaque jour ils se rapprochent. Eh bien voyez-vous ce livre est aussi une très belle histoire d'amitié.
La boucle est bouclée.


Je ne saurais que trop vous recommander ce récit très beau et touchant, à de nombreux niveaux.

vendredi 29 décembre 2006

Lecture pour filles

Pour faire vivre un CDI il faut sans cesse organiser des activités. A la rentrée le collège participera au concours lecture du Conseil Général. Le but : lire un bouquin et rédiger la 4ème de couverture, le thème cette année : Identité(s). Pour mieux apprécier la pertinence des 4èmes de couv' des élèves je profite des vacances pour lire les bouquins en liste. Parmi eux il y a Sanguine d'Alex Cousseau. Un livre pour filles qui évoque la puberté.

Anouk redouble sa sixième mais ce n'est plus une petite fille, elle est en train de devenir une femme. D'ailleurs elle vient d'avoir ses règles pour la première fois. C'est sur cet événement incontournable de la vie d'une fille qu'ouvre le roman. S'ensuivent les transformations, les questions, le corps qu'on ne sait pas où mettre, et, bien sûr, les premiers émois. Tout cela en filigranne à travers la relation d'Anouk avec ses amies, sa grande soeur, ses parents... et Tom, LE garçon, celui qu'elle ne trouve pas aussi bête que les autres garçons.
Sympathique mais à réserver à un public relativement jeune. Moi ça ne m'a pas transcendée

jeudi 28 décembre 2006

Restons nature

Tant qu'à se mettre au vert ça me semble être le bon moment pour parler des Nouvelles vertes, un recueil de nouvelles (comme son nom l'indique) ayant pour thème l'écologie en particulier et l'avenir de la planète en général.
Neuf auteurs, spécialistes du fantastique ou de la littérature jeunesse (Pierre Bordage, Christian Grenier, Jean-Paul Nozière, Mikael Ollivier...), se sont penchés sur les problèmes de pollution, de climat et d'évolution de l'espèce. Chaque nouvelle nous emmène dans le futur pour mieux nous faire voir le présent. J'ai retenu Chasse aux gorilles, Noir destin pour plastique blanc et surtout Je suis la vigie et je crie, particulièrement saisissant.


Neuf petites histoires pour prendre conscience. Avec en prime un poème d'Hubert Reeves qui est au centre du projet.
Après ça on ne pourra pas dire qu'on ne savait pas...

Merci Phanie pour cette découverte qui a un franc succès au CDI.

mercredi 27 décembre 2006

Enquête verte

La littérature didactique (non ce n'est pas un gros mot !) existe : Thomas L'Aristoloche et l'empoisonneur fou (de Guillemette Resplandi-Taï, édition Le Pommier) en témoigne. C'est un roman qui, sous couvert d'une enquête policière, nous donne quelques leçons de botanique.

Thomas est en classe de 6ème et se passionne pour les plantes. D'ailleurs, il est persuadé que son nom "L'Aristoloche" vient de là : son ancêtre aurait découvert les vertus médicinales de la plante du même nom... et ça expliquerait aussi pourquoi il ne connaît pas son père, sûrement un aventurier botaniste en mission à l'autre bout du monde.
Il vit seul avec sa mère et aime rendre visite au Professeur Potard, un botaniste qui lui apprend tout ce qu'il sait sur les plantes. Le reste du temps il tente d'initier son meilleur copain Gaspard à sa verte passion. Un jour qu'il se promène dans le parc avec Gaspard, Thomas découvre un chien empoisonné. Grâce aux leçons du professeur Potard il identifie tout de suite la plante responsable : le laurier-rose. C'est le début d'une longue enquête pour l'apprenti-botaniste qui suivra le parcours de l'empoisonneur, de crime en crime et de plante en plante.


Un bouquin tout frais avec un héros sympathique, sorte de Harry Potter au jardin des plantes. Seul regret : la fin est un peu vite bouclée, clic clac l'affaire est dans le sac, c'est un peu gros pour des adultes. Heureusement il y a l'herbier de Thomas qui nous plonge dans les secrets des plantes évoquées tout au long de l'intrigue. Intéressant.

mardi 26 décembre 2006

Cadeau bonus


Voilà à quoi ça ressemble.

Mon cadeau

Hier, dans mes souliers il y avait Le Desnos. Bon choix... Merci ma soeur pour ce beau cadeau ! Dans la même collection vous en trouverez plein d'autres : Le Prévert, Le Baudelaire, Le Brassens, Le Gainsbourg, et j'en passe. Des extraits de textes, une mise en page esthétique... Idéal pour les amoureux des beaux livres ou tout simplement pour faire découvrir joliment de grands artistes.

dimanche 24 décembre 2006

Histoires (drôles) de sorcières

Rien de mieux qu'une bonne histoire de sorcière pour noël ! En voici plusieurs qui plairont aux petits comme aux grands : La sorcière de la rue Mouffetard et autres contes de la rue Broca. Et c'est un peu normal puisque c'est Pierre Gripari, un grand, qui les a écrit en travaillant avec des enfants.
Le résultat est très sympathique et se lit avec le sourire. C'est que les sorcières de ce recueil (celle de la rue Mouffetard, bien sûr, mais aussi, et surtout, celle du placard à balais) n'ont rien de terrifiant ! Pas plus que le géant aux chaussettes rouges ou la paire de chaussures. D'ailleurs je ne résiste pas à l'envie de vous citer le début de cette histoire : « Il était une fois une paire de chaussures qui étaient mariées ensemble... ».
Le ton est donné. C'est simple, léger, drôle. Un bon moment.

samedi 23 décembre 2006

Premiers pas en littérature jeunesse

Depuis mes premières lectures j'ai accumulé pas mal d'auteurs dans ma bibliothèque, comme Villon, Voltaire, Verlaine, Vian ou Vargas... et je vous épargne le reste de l'alphabet. Bref, un éventail assez large. Et pourtant, quand je me suis trouvée face aux collégiens, je me suis aperçue qu'une partie de la littérature m'était inconnue. On me parlait de Jean-Claude Mourlevat, de Stéphane Daniel ou d'Evelyne Brisou-Pellen !?!
Mes connaissances en littérature jeunesse tenaient plutôt de la peau de chagrin... Autant dire qu'en dehors des indémodables classiques je ne connaissais rien. Je me suis donc plongée dans les rayonnages pour tenter de rattraper mon retard. J'y ai trouvé des romans distrayants la plupart du temps, graves parfois, d'autres dont on aurait pu se passer. En littérature jeunesse comme ailleurs il y a à prendre et à laisser. Je classerais Celui qui n'aimait pas lire de Mikael Ollivier parmi ceux qui sont à prendre.

J'ai dévoré ce récit autobiographique (collection Confessions de La Martinière) où l'auteur dévoile son parcours et son cheminement vers l'écriture. Un livre qui donne raison à Comme un roman et qui va même plus loin : On peut croire pendant des années qu'on n'aime pas lire et découvrir un jour qu'on peut aimer ça... mieux encore, qu'on peut écrire soi-même.
Eh non, les bouquins ne sont pas des objets de torture à la solde de professeurs sadiques ! Derrière tous ces mots il y a quelqu'un qui raconte, qui fait vivre quelque chose. Celui qui n'aime pas lire n'a peut-être simplement pas trouvé le bon bouquin. L'envie de lire s'attrape comme ça, sur un déclic, après on ne peut plus s'en passer. Et de là à l'envie d'écrire il n'y a qu'un pas. Je ne doute pas que Celui qui n'aimait pas lire soit de ceux là, de ces livres-déclic qui font voir les choses autrement.

vendredi 22 décembre 2006

Retour aux sources

Puisque c'est la période des cadeaux, j'ai acheté l'intégrale du Retour à la terre (tomes 1,2 et 3) de Larcenet. Ni une ni deux j'en ai profité pour le relire... et ce jusque pendant mes heures de boulot. Dès que le CDI était vide d'élèves je me replongeais dans les aventures de Manu, aux prises avec son récent emménagement à la campagne, ses histoires de couples et de boulot. Je lisais, je pouffais, je lisais, je pouffais... Jusqu'à ce que ma collègue s'insurge de tant de rigolade. C'est qu'elle aussi voulait sa part ! Je me suis donc dépêchée de le terminer pour qu'à son tour elle s'y plonge et ricane toutes les cinq minutes. Je ne suis donc pas la seule à qui Le retour à la terre fait cet effet-là et il y a fort à parier que vous vous fassiez avoir vous aussi.
Evidemment les trentenaires s'y retrouveront particulièrement mais il peut plaire à tout public.
Un futur achat pour le CDI d'ailleurs.

jeudi 21 décembre 2006

Mieux qu'un roman

Avant de continuer sur ma lancée je dois absolument vous parler d'un livre, que dis-je... DU livre : Comme un roman de Daniel Pennac. Pour moi c'est le livre des livres, celui qui décomplexe n'importe quel lecteur. Pennac, c'est le mec qui vous donne envie de lire parce qu'il vous dit que vous avez le droit de ne pas le faire (esprit de contradiction quand tu nous tiens !). Mais ce n'est pas tout, il y en a neuf autres, ce sont les droits imprescriptibles du lecteur :

1. Le droit de ne pas lire.
2. Le droit de sauter des pages.
3. Le droit de ne pas finir un livre.
4. Le droit de relire.
5. Le droit de lire n'importe quoi.
6. Le droit au bovarysme (maladie textuellement transmissible).
7. Le droit de lire n'importe où.
8. Le droit de grappiller.
9. Le droit de lire à haute voix.
10. Le droit de nous taire.


Bien entendu chacun a le droit d'en ajouter d'autres. Comme par exemple celui de ne pas aimer ce livre, je trouverais ça dommage mais l'essentiel n'est pas là. L'essentiel c'est de lire avec plaisir. Il y a forcément quelquepart un livre qui nous attend, qui nous parle, qui nous donne l'impression d'avoir été écrit pour nous. J'en ai rencontré quelques uns, des livres qui ont changé ma vie, ma vision des choses, Comme un roman est de ceux-là. Disons qu'il a une bonne part de responsabilité dans ma vocation de documentaliste. Aujourd'hui je me bats à mon tour contre la lecture-torture... La doc propose, les lecteurs disposent. C'est vrai au CDI comme ici !

mercredi 20 décembre 2006

J'aime pas noël

Ahhh...
L'enchantement de noël, les cadeaux, les lumières, les guirlandes électriques... ça en ravit certains et ça en agace d'autres. Moi qui suis de la deuxième catégorie j'ai forcément flashé sur l'album de Sarah K : La sorcière qui détestait les cadeaux, les enfants et... noël !



La sorcière Befana déteste le père noël. Rien que son nom la plonge dans une rage folle, dans une hystérie sans pareille. Car depuis toujours Befana n'a qu'un seul amour : le père fouettard. Mais qui se souvient de lui aujourd'hui ? Même les enfants pas sages ont des cadeaux... et les cadeaux ça énerve Befana. C'est alors qu'elle décide de mettre au point une potion qui transformera le père noël en père fouettard cette nuit du 24 décembre...

Un album drôle qui se prêtera très bien à la lecture du soir pour les petits et à un moment de détente pour les plus grands.

mercredi 13 décembre 2006

Il était une fois...

Dans un monde un peu gris vivait une drôle de sorcière, elle avait bien du souci car elle ne savait pas quoi faire... pas quoi faire de sa vie. Le nez en l'air ou dans les livres c'était sa seule manière de vivre. Alors pour passer le temps, et parce que plus tard c'est maintenant, elle a choisi comme travail de faire partager ses trouvailles...