mardi 30 janvier 2007

La gauloise et la "racaille"

J'ai ouvert Une gauloise dans le garage à vélos rien que pour le titre... Je ne savais pas à quoi m'attendre mais après Sobibor j'avais bien besoin de détente.

Alors qu'ils tentent de récupérer leur ballon, quatre gamins d'une cité découvrent une petite blondinette (la gauloise c'est elle) dans les caves d'un immeuble. Malgré les apparences tout ce petit monde va très vite se trouver des points communs. Les quatre gaillards, désormais en famille d'accueil, n'ont pas oublié leur vie en foyers, et cette petite qui se retrouve là, après s'être échappée du sien, ça leur parle. Et ça leur parle tellement qu'un élan de solidarité va les pousser à prendre en charge cette gamine paumée et à l'installer dans le garage de leur immeuble.

L'histoire est destinée à un public assez jeune (Les aventures sont parfois rocambolesques et tout est bien qui finit bien), mais l'écriture tout en images ("En sortant, il envoya dans l'épaule de Mokhot un coup de poing de félicitation à disloquer une armoire normande") rend la lecture drôle voire cocasse... Un bon moment.

samedi 27 janvier 2007

Politique étrangère.


Festival BD


A l'occasion du 34ème festival BD d'Angoulême qui se tient ce week end je vous invite à vous intéresser à son président, Lewis Trondheim. Et vu la production du bonhomme vous aurez le choix : Les aventures de Lapinot, Donjon, Mister O, La mouche, Le roi catastrophe...

J'aime par dessus tout Les innéfables et Politique étrangère.

Toute l'absurdité du monde en quelques cases, chapeau !

vendredi 26 janvier 2007

Sobibor

Il y a des livres qu'on ouvre et qu'on ne repose qu'une fois finis, ce fut le cas hier quand j'ai commencé le roman de Jean Molla : Sobibor. A aucun moment je n'ai réussi à m'arrêter de lire.
C'est un récit très dur à plusieurs niveaux : D'une part car, comme son nom l'indique, il évoque les camps de concentration et l'extermination des juifs et d'autre part car l'héroïne-narratrice souffre d'anorexie et nous décrit crûment son rapport de force avec la nourriture.

Deux générations différentes, deux histoires différentes et un point commun : le corps. Un corps si affamé qu'il en devient inhumain. Entre l'anorexie d'Emma et le passé de sa grand-mère il y a en filigrane ce corps d'une maigreur insupportable... Et ce n'est pas tout à fait par hasard.
Car l’anorexie d’Emma n’est pas seulement due au mal de vivre de l'adolescence… Il y a autre chose. Elle sent bien que sa grand-mère lui cache quelque chose, et ses réticences à parler de son passé en Pologne, de sa vie pendant la guerre, plongent Emma dans un abîme de doutes et de questions. Il faut qu'elle sache. Tout en creusant ses joues elle va creuser son passé, à la recherche de la vérité, l’horrible vérité.

Jean Molla mêle avec brio la petite histoire et la grande et nous offre un roman qui ne s'oublie pas.

mercredi 24 janvier 2007

Tout petit, petit conte.


Voici une toute petite, petite histoire bien sympathique : idéal pour la lecture du soir aux petits et suffisamment drôle pour plaire aux grands.

La toute petite, petite bonne femme a bien des soucis avec une mouche voleuse... Elle décide de faire appel au commissaire de police pour qu'il l'attrape mais celui-ci préfère ne pas s'en mêler. A la place il lui donne un gros, gros bâton et la charge d'assommer la mouche quand elle la verra.
Et justement, une mouche se pose sur le nez du commissaire...

C'est tout mignon et plutôt drôle... Surtout pour ceux qui n'aiment pas trop les uniformes !

lundi 22 janvier 2007

Bataille et BD, suite

Pour continuer de tordre le cou aux détracteurs de la BD et pour prouver que celle-ci est loin d'être un art mineur, voire qu'elle peut être un lieu de culture, j'ai choisi une autre BD pour sensibiliser les 3èmes à la 1ère Guerre Mondiale : Le sang des valentines de De Metter et Catel.

Ce n'est pas très gai, mais vu le thème on s'en doutait.

C'est la fin de la guerre, Augustin est libéré. Il peut enfin rentrer chez lui, dans son petit village au fond des Pyrénées. Sur le chemin du retour il repense aux lettres de sa femme, autant de flash-back qui nous remettent dans le contexte des combats. Après la guerre et l'emprisonnement il rêve de retrouver les bras de celle sans qui il n'aurait pas tenu le coup. Mais le cauchemar d'Augustin ne s'arrête pas avec la guerre...

Je ne vous en dis pas plus, pour découvrir tout ce que recèle cette BD je vous invite à y plonger. Le scénar est plutôt original et le système de dessins enchâssés mèle habilement le passé et le présent. D'ailleurs, même si vous n'êtes pas fan de BD à la base, jetez-y un coup d'oeil rien que pour le dessin, de l'aquarelle il me semble (mais mes connaissances dans ce domaine ne sont pas très sures)...

dimanche 21 janvier 2007

A la guerre comme à la guerre !


Quand je demande aux gens que je rencontre s'ils sont lecteurs, je suis toujours surprise d'en voir une bonne partie me répondre avec embêtement que non. Comme si ne pas lire était une tare. Et puis si on creuse un peu on s'aperçoit que ces gens-là lisent, bien-sûr. Mais ils lisent de la BD, ou L'équipe, ou leur paquet de céréales au p'tit déj'... Ce qui m'amène à me demander : pourquoi mais pourquoi relègue-t-on la BD au rang des paquets de céréales ?? Je refuse, je proteste et je me battrai jusqu'au bout.

D'ailleurs, en parlant de bataille, j'ai relu La ligne de front de Manu Larcenet (commandée spécialement pour les 3èmes qui étudient la 1ère guerre mondiale). Ce n'est pas le meilleur du bonhomme, on reste un peu sur sa faim mais on y retrouve son style, son sens de la dérision, sa loufoquerie...

Deuxième opus des « Aventures rocambolesques de... » La ligne de front ressuscite Vincent Van gogh. Devenu trop gênant en s'acoquinant avec les cubistes il aurait été mis au placard par les hautes sphères. Son suicide ne serait ni plus ni moins qu'une mise en scène. Voilà pour l'anachronisme.
Le voici donc rappelé 25 ans après, en pleine guerre mondiale, par une bande de gradés désoeuvrés. Ces derniers, ne comprenant pas les réticences du poilu à se rendre au front, l'envoient sur le terrain dans le but de leur peindre « l'esprit de la guerre ». Mais Van Gogh a beau y aller de tout son désarroi, les gradés ne sont pas convaincus : Il y a trop de jaune, pas assez de patriotisme...
Bref le décalage est total et c'en est drôle. Tout le talent de Larcenet est là : réussir à nous faire sourire sur des sujets graves.

C'est promis, il y aura ici de la BD, et pas que du Larcenet !

mardi 16 janvier 2007

Pour le plaisir

Dans la même collection que Le Desnos, chez Mango Jeunesse, Le Verlaine

Souvenez-vous...


dimanche 14 janvier 2007

Y'a pas que les mots des livres...

Si je suis ici c'est parce que j'aime les mots et les histoires qu'ils racontent. C'est aussi pourquoi j'accumule les livres... et les chansons.
Parce qu'un texte reste un texte, certaines chansons me font parfois l'effet d'un bon roman. En bon "raconteur" d'histoires Bénabar en a écrit quelques unes que je classerais parmi celles-là : Majorette, Adolescente, Je suis de celles, Quatre murs et un toit et j'en passe...

Un petit avant goût... Mais le mieux c'est encore de les écouter !


Quatre murs et un toit

Un terrain vague, de vagues clôtures, un couple divague sur la maison future. On s'endette pour trente ans, ce pavillon sera le nôtre... et celui de nos enfants corrige la femme enceinte. Les travaux sont finis, du moins le gros oeuvre, ça sent le plâtre et l'enduit et la poussière toute neuve.
Des ampoules à nu pendent des murs, du plafond, le bébé est né, il joue dans le salon. On ajoute à l'étage une chambre de plus, un petit frère est prévu pour l'automne. Dans le jardin les arbres aussi grandissent, on pourra y faire un jour une cabane.

Les enfants ont poussé, ils sont trois maintenant, on remplit sans se douter le grenier doucement. Le grand habite le garage pour être indépendant, la cabane, c'est dommage, est à l'abandon. Monsieur rêverait de creuser une cave à vins, Madame préfèrerait une deuxième salle de bain. Ça sera une deuxième salle de bain.

Les enfants vont et viennent chargés de linge sale, ça devient un hôtel la maison familiale. On a fait un bureau dans la p'tite pièce d'en haut, et des chambres d'amis, les enfants sont partis. Ils ont quitté le nid sans le savoir vraiment, petit à petit, vêtement par vêtement.
Ils habitent à Paris des apparts sans espace, alors qu'ici il y a trop de place. On va poser tu sais des stores électriques, c'est un peu laid c'est vrai, mais c'est plus pratique. La maison somnole comme un chat fatigué, dans son ventre ronronne la machine à laver.

Les petits enfants espérés apparaissent, dans le frigo, on remet des glaces. La cabane du jardin trouve une deuxième jeunesse, c'est le consulat que rouvrent les gosses. Le grenier sans bataille livre ses trésors, ses panoplies de cow-boys, aux petits ambassadeurs qui colonisent, pour la dernière fois, la modeste terre promise, quatre murs et un toit.

Cette maison est en vente comme vous le savez, je suis, je me présente, agent immobilier. Je dois vous prévenir si vous voulez l'acheter, je préfère vous le dire cette maison est hantée. Ne souriez pas Monsieur, n'ayez crainte Madame, c'est hanté c'est vrai mais de gentils fantômes. De monstres et de dragons que les gamins savent voir, de pleurs et de bagarres, et de copieux quatre-heures, "finis tes devoirs", "il est trop lourd mon cartable", "laisse tranquille ton frère", "les enfants : à table !".
Écoutez la musique, est-ce que vous l'entendez ?

samedi 13 janvier 2007

Cadeau bonus


Je veux mes tartines !

Encore un petit bouquin qui trompe bien son monde...
Avec un titre plutôt rigolo, Les tartines au kétcheupe, Marie-Sabine Roger traite d'un sujet beaucoup plus sérieux qu'il n'y paraît. Après Happy end où un adulte racontait son enfance sous les coups, voici une histoire similaire racontée par un bout d'chou d'à peine 6 ans.

Nicolas, en dernière section de maternelle, nous raconte son quotidien, entre les disputes avec papa, les calins avec maman, les bagarres avec les copains ou les grands frères, les explications avec la maîtresse... Dans tout ça le pauvre a bien du mal à se faire comprendre. Pourtant les choses sont simples : Si le petit oiseau a pris sa volée, c'est forcément qu'il a fait une bêtise, Pèroiseau devait être fatigué ce soir là... et les coups sont tombés. Nicolas sait de quoi il parle, chez lui c'est comme ça que ça se passe.

Les problèmes liés aux violences familiales y sont évoqués avec finesse car ils sont vus par les yeux d'un filou, un doux-dur mais un gamin, à qui l'ampleur du drame échappe. Un récit très attachant, très tendre, qui dit sans le dire ce qu'on voit sans le voir.

vendredi 12 janvier 2007

Débuts difficiles...

Ne vous fiez pas au titre de ce livre et à sa couverture rose, on est loin, dans Happy end, d'une histoire à la guimauve. S'il est vrai qu'à la fin ça s'arrange, on en est témoin d'ailleurs puisqu'on a le livre entre les mains, la jeunesse du narrateur-auteur est loin d'avoir été rose. Il n'a l'air de rien ce petit bouquin mais il nous plonge dans la réalité de l'enfance maltraitée. Les coups, les cris, la violence au quotidien. C'est à la fois cru et pudique. On ne ressort pas indemne d'une telle lecture.

(De Bertrand Ferrier, Editions du Rouergue)

jeudi 11 janvier 2007

De la folie à la sagesse il n'y a qu'un pas

Pour ceux qui aiment les contes et l'humour en voici un à dévorer tout cru et sans modération : Sagesses et malices de Nasreddine, le fou qui était sage. Les plus jeunes y trouveront des aventures rigolotes, les grands pourront y voir des clins d'oeil et des moqueries sur nos habitudes d'occidentaux.
Des histoires courtes pour sourire et réfléchir... On adore !

jeudi 4 janvier 2007

Voyage

"ça a débuté comme ça" : à la fac j'ai lu Le voyage au bout de la nuit de Céline et j'en garde le souvenir d'un bouquin cru qui m'a fait l'effet d'une grande claque. C'est très noir comme histoire, drôle aussi parfois mais très noir.

Puis récemment, en parcourant la librairie BD Bulle en stock, je suis tombée sur le Voyage illustré par Tardy. "Qui mieux que lui pouvait illustrer ce noir récit ?!" me dis-je... Ni une ni deux j'ai pensé que c'était l'occasion de relire ce très beau roman. Voilà, je suis repartie avec, "et qu'on en parle plus".

mardi 2 janvier 2007

Genèse

Puisqu'une nouvelle année commence je vais revenir sur ce qui m'a mené ici.
Au commencement était Un long dimanche de fiançailles. Eh oui, personne n'est parfait, pour moi la littérature a débuté avec Un long dimanche de fiancailles. Mon premier livre. Enfin, mon 1er livre « de grand », après les Martine et autres Club des cinq de mon enfance.

J'avais une douzaine d'années et, à l'époque des dinosaures, on n'avait ni Harry Potter ni littérature jeunesse (ou très peu). J'ai fini par trainer dans la biblio de ma mère et chiper ce livre au pif. J'ai lu cette histoire, je l'ai vu aussi. La quête de Mathilde, les vies de ces cinq soldats qui viennent s'échouer sur ce bout de terre au milieu de nulle part, la guerre, l'horreur de la guerre, attention au fil... J'ai tout vu.

Je l'ai relu depuis, quand il revenait croiser ma route, par hasard (avec ce livre c'est une histoire de hasard). Je l'ai toujours apprécié... mais bien évidemment je ne suis pas objective. La dernière fois c'était avant d'aller voir le film, pour retrouver mes images avant de voir celles de Jeunet. J'ai aimé le film, bien sûr, mais là non plus je ne suis pas objective... j'aime aussi Jeunet.