lundi 28 mai 2007

Suite et fin

Pour les mêmes raisons que précédemment je recommande chaudement Les yeux d'Elisha, deuxième et dernier tome de Tobie Lolness.
Deux-trois petites choses :

- Le monde de l'arbre est bien foutu et a l'avantage de mettre en avant notre propre rapport à la nature, le paradoxe humain : être à la fois celui qui menace et protège la nature.

- L'écriture est drôle et alerte, au rythme des aventures de Tobie. Le narrateur a l'air de beaucoup s'y amuser (notamment dans des explications d'expressions, toujours bien trouvées, par exemple l'origine de "trois pelés et un tondu" revue et corrigée pour la circonstance)

- Les personnages sont plutôt entiers et idéaux, mais c'est le côté "conte" qui veut ça. On y trouve tout de même des personnages secondaires truculents, je pense en particulier au soldat Patate et à ses efforts de langage châtié.


Un extrait pour le plaisir :

Tome 1 : " Pol Collen était un vieux fou. On le décrivait ainsi, alors qu'il n'était ni vieux ni fou. Il y a des mots comme cela qui ne veulent rien dire : les "simples d'esprits" ont souvent au contraire des têtes trop compliquées ; les "gros malins" peuvent très bien être maigres et idiots".

Tome 2 : " Le ridicule ne tue pas, mais méfiez-vous, il cherche toujours à vous épouser"

mercredi 9 mai 2007

Mini héros, maxi roman

Plus qu'un roman jeunesse Tobie Lolness est un pavé, un bon gros roman pour raconter les aventures d'un tout petit bonhomme, Tobie, 7 ans, à peine un millimètre.

Jusque là Tobie vivait avec ses parents dans les cîmes.
Mais les recherches de son père commencent à faire grand bruit et le conseil de l'arbre ne voit pas d'un bon oeil les mises en garde et les réticences de Monsieur Lolness quant à l'exploitation de la sève brute. Lorsqu'il refuse de rendre publiques ses découvertes, toute la famille se voit expulsée vers les basses-branches.

La région est difficile mais Tobie est malin. Il va peu à peu s'adapter, s'aguerrir, et découvrir d'autres exilés dans ce lieu peu fréquenté. Il y a la ferme de Seldor où il va écouter de la musique et à quelques heures de marche il y a Elisha, qui a le même âge que lui.
Tobie s'habitue à sa vie dans les basses-branches mais les cîmes le rattrapent... et l'obligent à une course effrénée.

Dès la première page on est happé par l'histoire, par l'écriture, un style drôle et vif, par la mise en abîme : tout, dans l'arbre, rappelle notre monde. Les considérations économiques, politiques, sociales, écologiques ont étrangement un goût de vécu. Ce n'est pas gnan-gnan une seconde, c'est juste chouette.
Bref, un roman à avoir dans toute bonne bibliothèque jeunesse.

samedi 5 mai 2007

Le fabuleux déclin de l'empire masculin

Inconditionnelle de l'émission Arrêt sur images (sur france 5, le dimanche à 12h30) je connaissais déjà David Abiker pour ses chroniques et ses réflexions sur la télévision. J'ai découvert l'écrivain avec Le musée de l'homme, roman drôle et critique sur les rapports hommes-femmes.

Homme, mari ou père dépassé, le narrateur est tout cela et l'assume avec humour et désinvolture. Dans cette société où les valeurs féminines ont pris le dessus, cet homme moderne nous décrit sans aucun complexe la lâcheté quotidienne et les petits arrangements dont il doit faire preuve pour sauver sa place et garder sa tranquilité.

Traité de manipulation des maîtresses-femmes à l'usage des hommes désoeuvrés (comment décider Madame à acheter le 4x4 tant désiré par Monsieur sinon en insistant sur l'apport sécuritaire dudit 4x4 pour le transport des enfants), ce roman ne tombe jamais dans la critique aigre, bien au contraire... le malin plaisir que prend le narrateur à laisser sa femme aux commandes est un régal !

vendredi 13 avril 2007

La famille Malaussène

Notre collège déménage, ce dernier mois a donc été essentiellement consacré aux cartons (218 au total !!) mais je vais me rattraper de ce long silence avec un de mes auteurs favoris : Pennac.
Si ce n'est pas déjà fait je vous conseille de "tomber" très vite (sans vous faire mal) dans les aventures des Malaussène. Cinq romans au total : Au bonheur des ogres, La fée carabine, La petite marchande de prose, Monsieur Malaussène et Aux fruits de la passion. C'est très drôle, voire complètement décalé, ça se lit vite, et je crois qu'une fois qu'on commence on ne peut plus s'arrêter.

Dans la famille Malaussène je demande la mère, absente (indigne ?!), qui ne revient dans le nid familial que pour y déposer un nouveau rejeton. Petit dernier qui sera immédiatement pris en charge par ses aînés. L'aîné justement, c'est Benjamin. Entre frère et père il s'occupe, avec parfois bien du mal, de Thérèse, Clara, Jérémy, Le petit, Verdun, et Julius le chien. Et ce n'est pas tout, en homme accompli il travaille à sa carrière de bouc émissaire dans un grand magasin. C'est lui qui reçoit les récriminations de tous les clients mécontents... Autant dire un rôle indispensable !
Mais bientôt sa petite vie de bouc-émissaire-chef-de-famille se trouve chamboulée. Des bombes explosent dans le grand magasin et, malheureusement pour lui, Benjamin n'est jamais très loin...

mardi 20 mars 2007

Le roman de la mère de Renart

Pourquoi ne pas relire nos classiques autrement ?
Avec le même décalage que la série Kaamelott révisant l'histoire des chevaliers de la table ronde, Sfar et Munuera ont revu et corrigé les aventures de Renart en BD... pour notre plus grand plaisir.

C'est drôle, absurde, grossier aussi. Malgré quelques hésitations, j'ai osé le proposer aux élèves... qui ont beaucoup ri ! Tant pis pour la bienséance, tant mieux pour nos zigos.

dimanche 18 mars 2007

Baudelaire un jour, Baudelaire toujours


J'ai découvert Baudelaire à l'adolescence avec Les fleurs du mal et ce fut une révélation. Je me suis mise à écrire partout, sur mes cahiers, sur les tables de cours ou les murs de l'arrêt de bus, quelques phrases tirées de L'ennemi :

- Ô douleur ! ô douleur ! Le temps mange la vie,
Et l'obscur ennemi qui nous ronge le coeur
Du sang que nous perdons croît et se fortifie

Face à mes tourments adolescents j'avais trouvé quelqu'un qui exprimait toute la noirceur du monde ! J'ai épluché le recueil, lu et relu L'héautontimorouménos (le bourreau de soi-même), les Spleen, A une passante et bien d'autres...
C'est bien plus tard que j'ai découvert les Petits poèmes en prose. Des poèmes plutôt noirs, encore, mais auxquels la prose ajoute un effet plus caustique que grave. Le mauvais vitrier, La soupe et les nuages, Assommons les pauvres ! et surtout, surtout Enivrez-vous :

Il faut être toujours ivre. Tout est là : c'est l'unique question. Pour ne pas sentir l'horrible fardeau du Temps qui brise vos épaules et vous penche vers la terre, il faut vous enivrer sans trêve.
Mais de quoi ? De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise. Mais enivrez-vous.
Et si quelquefois, sur les marches d'un palais, sur l'herbe verte d'un fossé, dans la solitude morne de votre chambre, vous vous réveillez, l'ivresse déjà diminuée ou disparue, demandez au vent, à la vague, à l'étoile, à l'oiseau, à l'horloge, à tout ce qui fuit, à tout ce qui gémit, à tout ce qui roule, à tout ce qui chante, à tout ce qui parle, demandez quelle heure il est et le vent, la vague, l'étoile, l'oiseau, l'horloge, vous répondront : " Il est l'heure de s'enivrer ! Pour n'être pas les esclaves martyrisés du Temps, enivrez-vous ; enivrez-vous sans cesse ! De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise. "

Alors, pour ne pas sentir l'horrible fardeau du Temps qui brise vos épaules, vous pouvez toujours tenter de vous enivrez de Baudelaire...

samedi 3 mars 2007

Ensemble c'est tout

J'ai déjà parlé en bien des nouvelles* d'Anna Gavalda, aujourd'hui je ne saurais que trop vous recommander son roman Ensemble c'est tout. Comme son nom l'indique c'est un bouquin sur l'amour, l'amitié, sur les gens et la bonté. Un pavé que j'ai dévoré en une journée, puis lu et relu tant il fait du bien.

On y rencontre Camille, Franck, Philibert et Paulette, tous différents mais tous malmenés par la vie. Ces quatre là vont se croiser, se trouver, se serrer les coudes et marcher ensemble clopin-clopant.

Je ne sais pas si ça tient aux points communs que je partage avec Camille ou à l'écriture d'Anna Gavalda (le style, les références, tout me parle) mais ce livre est devenu pour moi un livre de chevet fidèle dans lequel je retombe régulièrement, notamment quand le besoin de bons sentiments se fait sentir.

Il parait que les bons sentiments ne font pas forcément la bonne littérature, eh bien non, certes, mais quand c'est le cas, c'est drôlement bon. Ensemble c'est tout est un bon livre, à tous les sens du terme... Je me demande d'ailleurs si je ne vais pas le rouvrir en attendant le prochain !